Récit des combats
Action de l'Artillerie dans la Bataille du
Queyras par le Chef d'escadron Moureton
Transmis par Marc Endinger
Le système
d'observation, le réseau des transmissions avec fil, radio et optique, ainsi
que la préparation des tirs organisés de longue date et complétés depuis
l'arrivée des éléments du 93e RAM ont fonctionne dans des conditions
excellentes des le début des opérations.
Ce n'est que le
18 juin que commencèrent les
opérations actives. La participation de
l'artillerie peut être ainsi résumée.
Le 18 juin, des
patrouilles s'infiltrent en territoire français, temporairement d'ailleurs.
La section du Lieutenant Desportes, installée au torrent de
Malrif, a 2000 m
en aval d'abries, est prête a ouvrir le feu, mais n'intervient pas.
Il est de même
dans la journée du 19 juin. Dans la nuit du 19 au 20 toutefois, une section
de 75 m de la 9e Batterie du 93e RAM aux ordres du Lieutenant Fabre est
poussée dans cette même région, en amont du confluent du torrent du Malrif
et du Guil.
Le 20 juin,
l'ennemi se montre plus pressant ; des éléments se glissent jusqu'a la crête
de Jilly ; d'autres débouchent du col de La Croix, descendant par les bois
sur l'Echalp. Le feu est alors ouvert par les 65 M sur Jilly et par la
section de 75 M sur l'Echalp. Ce dernier est remarquablement règle par le
Lieutenant Masson de l'EM du 3/162e RAP qui, installe a La Monta, est relie
par fil au Lieutenant Fabre, ajuste les tirs de cette section avec une
précision remarquable. Son action, plein de sang froid, a d'ailleurs fait
l'objet d'une belle citation a l'ordre de la Division.
Dans la soirée,
l'artillerie italienne tire sur Ristolas, ce qui a pour unique effet de
détruire quelques maisons par incendie.
Le 21 juin, les
sections de 65 M et de 75 M effectuent de nombreux tirs. Cette
dernière,toujours réglée par le Lieutenant Masson, fait merveille et cause
des pertes sérieuses a l'infanterie italienne. En 36 heures, elle n'a pas
tire moins de 900 coups.
Dans la soirée,
en raison de la pression de l'ennemi, ces deux sections sont repliées sur
leurs positions arrières. Elles se déplacent sous le feu de l'infanterie
ennemie, mais n'éprouvent aucunes pertes. Elles réussissent a emporter tout
leur matériel dans ce décrochage délicat.
Dans l'après
midi, l'artillerie ennemie tire 600 coups sir La Monta, une attaque
italienne qui lui succède tombe dans le vide.
Dans la
région
d'Abries, des tirs d'interdiction ont été exécutés par l'artillerie
italienne des cinq heures du matin. Leurs effets paraissent avoir été bien
médiocres.
Au début de
l'après midi, une attaque est montée par les italiens sur Abries, venant du
Nord. La batterie de 105 L du Sommet Bucher ouvre le feu et exécute des tirs
de contre préparation entre Le Roux et Abries. La section de 155 L tire
également sur les Bois du Genebrier.
Pendant
cette journée, les PO d'artillerie signalent de nombreux mouvements de
colonnes muletiéres et de fantassins vers la Reychasse malheureusement
hors de portée de l'artillerie. N'ayant aucun matériel a longue portée dans
le Queyras, nous manquons ainsi de magnifiques occasions.
Vers 16
heures, l'ennemi essaie de déborder Abries par la crête de Malrif, ses
colonnes sont dispersées par un tir rapide de la batterie de 105 L commandée
par le Lieutenant Fraysse. Dans la soirée, des tirs d'interdiction gênent
l'ennemi dans la région des Bois du Genebrier et du Villard d'Abries.
Le 22 juin
dans la matinée, les attaques tentées par le Nord et par l'Est d'Abries sont
arrêtées par le tir de 400 coups de 105 L. A signaler également au cours de
la matinée, la destruction d'une partie du dépôt de munitions de Montdauphin
par une unique bombe d'avion bien placée.
Dans l'après
midi, les infiltrations ennemies débouchent sur Abries venant du Sud. Elles
sont arrêtées dans la région de Pat Bel - La Garcine, par le tir de 105 l
observe par les officiers de chasseurs installes dans la pilule sud.
Dans la nuit,
cette même batterie de 105 L, toujours infatigable, exécute des tirs
d'interdiction et de harcèlement sur la Colette de Jilly, les routes
d'Abries au Roux et a Ristolas et a la Garcine.
La matinée du 23
juin n'est marquée par aucune action d'artillerie importante.
L'après midi, le
105 L arrête une attaque venant de Ristolas par des tirs précis réglés par
l'infanterie.
Le 155 L attaque
les Bois de Genebrier tandis que le 105 L tire sur la Collette de Jilly en
fin d'après midi.
La batterie Fabre
est désigne pour occuper une position avancée a hauteur d'Aiguilles, elle
sera mise en place dans la nuit, non sans difficultés, par suite du très
mauvais temps.
C'est au cours de
cette journée du 23 juin que l'activité commence dans le quartier de
Ceillac, tenu par le 102e Bataillon Alpin de Forteresse. Des infiltrations
ennemies sont en effet signalées dans les Haut Christillian venant du Col
Longet et de la Farnareita.
La 7e batterie
(Lieutenant Seranne) et la 8e batterie (Lieutenant Jaspard) exécutent de
violents tirs de 75 M sur le Bois Noir et le Bois de la crête 2103. Ceci
permet aux SES de réoccuper leurs positions. La dernière de ces batteries
exécute des tirs de harcèlement pendant la nuit.
Le lendemain 24
juin, ces mouvements ennemis sont repris. Des petites colonnes descendent du
Col Girardin. La 7e batterie, dans le Christiallian, la 8e batterie, dans le
Melezet, exécutent d'excellents tirs, notamment un violent marteau de 50
coups arrête net une attaque a la Cime de Melezet.
Dans la région
d'Abries, les attaques sur le village par le sud est reprennent. Elles sont
stoppées par nos tirs d'arrêt. La 9e batterie du lieutenant Fabre, des que
les brouillards se lèvent, règle sur l'observatoire de Jilly, délogeant cinq
observateurs ennemis.
Dans la nuit
suivante, jusqu'a minuit 35, heure de la cessation des hostilités, la
batterie de 105 L du Sommet Bucher ainsi que les trois batteries de 75 M du
93e RAM exécutent des tirs massifs d'harcèlement au Nord, a l'Est et au Sud
d'Abries, ainsi que dans les quartier de Ceillac. Chaque unité tire
plusieurs centaines de coups.
Ainsi se termine
cette action d'artillerie du Queyras, trop tôt au gré de tous, Officiers,
Grades et Canonniers dont le moral est reste très élevé malgré le caractère
tragique et pénible des heures que nous traversons.
Quelques
batteries ou sections du 162e RAP, déployées en vue de la défense de la
position de résistance même, n'ont pas eu a intervenir. Elles avaient
toutefois fait leur préparation expérimentale.
A cote de
l'excellente observation faits par le lieutenant Masson, dans les lignes
d'infanterie et des tirs diriges par les lieutenants Fraysse, Desportes,
Fabre, Seranne et Jaspard, il y a a signaler l'habile direction des tirs par
le Commandant Ferrand, qui a su obtenir le rendement maximum de son
artillerie dans le sous secteur Haut Guil, qu'ils connaissaient
parfaitement.
Le nombre de
coups tires est de l'ordre de 5000...
|