Ordre de bataille de l'ubaye par le Colonel Dessaux

Transmis par Marc Endinger

Partie fortification Lieutenant Lissner

Le Sous Secteur Jausiers

Per gli Alpini non esiste l'impossibile

Le Sous-Secteur JAUSIERS (Lt Colonel SOYER) est tenu par le 73e BAF renforcé du IIe Bataillon du 299^e RIA. Le sous secteur s’étend de la Crête d'Abries au vallon de Gialorgues.

La très grande quantité de neige restant au mois de juin rend l’occupation de la région de RESTEFOND difficile. La route JAUSIERS – RESTEFOND n’était déneigée que depuis le 1er juin. Les routes du CAMP aux GRANGES COMMUNES et aux FOURCHES , du Col à la MOUTIERE était encore inutilisables. La crête BONETTE – LAS PLANAS inabordable.

Néanmoins :

• Tous les ouvrages sont occupés.
• Tous les Point d’Appui du Quartier SAGNES et RESTEFOND sont tenus conformément au plan de défense.
• Le Bataillon de liaison (2/299^e RIA) occupe les crêtes de GIAUFFREDE et de ROUGNA , le Col de la BRAISSE et de la CAYOLLE.
• L’artillerie de position a une batterie de 155C en place et a réussi à mettre ses 155L en batterie sur un terre plein très étroit à proximité immédiate des écuries du Camp.
• L’artillerie de renforcement (1er groupe du 93^e RAM) s’installe à la MAUVAISE COTE et sur les pentes du vallon de la BRAISSE.

Quartier Sagnes

Organisation défensive du quartier

Le quartier des Sagnes, comme son nom l'indique, a pour mission la défense du vallon des Sagnes. Cette vallée n'est pas en contact direct avec le territoire italien (vallon du Lauzanier débouchant sous le col de Larche) ; de plus elle présente un versant très escarpé sur sa rive droite (coté Italie), ce qui limite considérablement les possibilités d'attaque ennemies. Les seuls passages, le col des Quartiers d'Août (2.645m) et le Pas de la Petite Cavale (2.775m), sont situés en bout de vallon à la limite Est du massif des Fourches ; leur altitude élevée et la pente gênent les mouvements ennemis.

Le système Séré de Rivières propose une défense selon deux positions : la position de résistance (batterie de Cuguret et ses postes optiques) prenant en enfilade les débouchés du vallon des Sagnes, et une solide position d'avant-poste (blockhaus de Pelousette). La position d'avant -poste se trouvant à proximité des ouvrages du quartier de Restefond, elle bénéficie de leur soutien. Le système Maginot renforce peu la défense propre de ce quartier (un seul PA) ; en revanche les ouvrages du quartier voisin de Restefond peuvent agir dans le vallon des Sagnes, notamment l'artillerie du GO de Restefond (2x 75/32, 1x 75/31). Le système Maginot, avec la création du PA des Sagnes, reporte la LPR en amont du vallon, reléguant la batterie de Cuguret en 2e PR.

Le quartier, en cas de nécessité, peut également recevoir l'appui des ouvrages du secteur Ubaye/Ubayette : Roche la Croix (1 Tr de 2x 75/33), Tournoux et Corres (artillerie de campagne de 2e PR), tous en limite de portée.

La défense s'étale sur deux positions :

·         La Ligne des Avant-Postes (LAP) en bout de vallon : blockhaus de la Pelousette qui constitue un observatoire privilégié, pouvant également travailler pour le quartier de Restefond.

·         La Ligne Principale de Résistance (LPR) : PA des Sagnes, situé à hauteur du lac du même nom.

En plus de ses défenses propres, le quartier des Sagnes bénéficie de l'artillerie de la 2e PR, notamment les 2 canons de 95/88 sous casemate de la batterie de Cuguret.

La CORF prévoyait la construction d'un GO mixte aux environs du lac des Sagnes, armé de deux obusiers de 75/31 et deux mortiers de 81/32 qui auraient couvert le haut du vallon. Le projet ne sera pas exécuté en raison des restrictions budgétaires.

Dispositif

Le QUARTIER SAGNES commandé par le Capitaine BUREAU est tenu de la façon suivante :

Au Point d’Appui des SAGNES :

·         1 Section F.V de la 1/73^e BAF

·         1 S.M de la 1/73^e BAF

·         1 groupe mortiers de la 157 Demi-Brigade

Le point d’appui commandé par le Capitaine Cdt la 1/73e BAF détache un groupe de combat au Col des QUARTIERS d’AOUT même. Au blockhaus de PELOUSETTE 1 groupe de mortiers du 73^e BAF et enfin en réserve de Quartier , 1 Section de la 1/73^e BAF à BEAUMON.

L’artillerie d’appui direct est composée de :

·         2 pièces de 95 à CUGURET

·         2 pièces de 65 M destinées aux FOURCHES mais qui ne peuvent s’y rendre , vu l’enneigement , avaient été misent en batterie au FAUX COL de RESTEFOND

·         Le 23 juin, une section de 75 M avancés jusqu ‘au Col de COLOMBART participe à cet appui.

·         La batterie de 155 C de RESTEFOND (action d’ensemble) pouvait intervenir dans le Quartier.

Les combats

Ce n’est que le 21 juin que l’ennemi fait son apparition dans ce Quartier.

Des patrouilles venant du PAS de la CAVALLE profitent de la très mauvaise visibilité pour passer le PAS de la PETITE CAVALE et s’infiltrer jusqu’au LAC BLEU  à la BOSSE du LAUZANIER. Elles sont refoulées.

D’autres éléments légers sont signalés passant le col de LARCHE dans le LAUZANIER.

Une patrouille  assez forte remonte le ravin du PIS en direction du Lac du LAUZANIER.

Le 22 juin : Ces infiltrations continuent mais sont contenues par nos patrouilles.

Le 23 juin : A 17h30, le groupe des QUARTIERS D’AOUT est attaqué et refoulé sur le point d’appui. 3 armes automatiques sont mises en batterie sur la crête et prennent sous leur feu les SAGNES . Elles sont immédiatement contrebattues par l’artillerie.

A la même heure, une section ennemie débouche du PAS des PETITES CAVALES et prend comme objectif le LAC BLEU et le vallon de PELOUZE. Les mortiers du blockhaus de PELOUSETTE la contiennent.

A 18h30, deux sections de «chemises noires» (milice confinaire) apparaissent au col des QUARTIERS D’AOUT et manifestent immédiatement une grande activité.

Vers la même heure, deux sections ennemies sont signalées sur les pentes OUEST de la BOSSE du LAUZANIER et prises à partie par notre artillerie.

Le 24 juin, l’attaque se dessine. Dans le vallon de PELOUSE , une Compagnie s’infiltre en descendant de la BOSSE du LAUZANIER. Au Col des QUARTIER D’AOUT , une seconde compagnie et les «chemises noires» attaquent de front le point d’appui. Prises sous les feux des armes automatiques et de l’artillerie de RESTEFOND, ces attaques sont arrêtées et à 21h tous les assaillants ont regagné la crête.

L’artillerie continue ses tirs de harcèlement pendant toute la nuit.

Quartier  Restefond

Organisation défensive du quartier

Quartier central du sous-secteur de Jausiers, le quartier de Restefond représente la principale défense de l'aile droite de l'Ubaye. Il a pour mission l'interdiction du col de Restefond (2.680m) et ses passages secondaires (faux col de Restefond 2.656m, col de Raspaillon 2.513m), en assurant une défense au plus près des débouchés des cols frontaliers (col de Pourriac 2.506m, col du Fer 2.584m). En plus de sa mission propre, le quartier de Restefond doit soutenir ses voisins des Sagnes (au Nord) et Rougna (au Sud).

Le système Séré de Rivières propose deux positions implantée le long de la crête formant limite en Alpes de Haute Provence et Alpes Maritimes : une position d'Avant-Poste aux Fourches (baraquement, blockhaus), une position de résistance en retrait du Faux Col de Restefond (camp, nombreux emplacements de campagne). Avec les progrès de l'artillerie, les ouvrages Séré de Rivières deviennent vulnérables ; c'est pourquoi la défense est considérablement renforcée avec le système Maginot. Les ouvrages Maginot forment deux lignes de défense semblables aux positions Séré de Rivières.

La défense du quartier de Restefond s'étale selon deux lignes de résistance :

·         La Ligne des Avant-Postes (LAP) centrée autour du plateau des Fourches face aux débouchés du vallon du Salso Moréno : blockhaus du Mont des Fourches, baraquement et AP des Fourches, AP du Pra. Cette position peut également bénéficier des bonnes vues des blockhaus de la Pelousette (quartier des Sagnes) et de Las Planas (quartier Rougna).

·         La Ligne Principale de Résistance (LPR) implantée autour de la Cime des Trois Rivières : deux ouvrages d'infanterie interdisent les passages principaux, le col de Restefond (abri actif) et le col de Raspaillon (PO des Granges Communes). Au centre, le GO mixte de Restefond interdit le franchissement du col de la Bonette avec son armement d'infanterie, et abrite l'artillerie organique du quartier (2x 75/32, 1x 75/31). Le camp de Restefond, situé en retrait, abrite les troupes d'intervalles.

Grâce à l'orientation des pièces du bloc 6 (2x 75/32, 1x 75/31), le GO de Restefond intervient également au profit du quartier des Sagnes.

En raison de l'altitude des ouvrages Maginot (les plus hauts de France !), bon nombre ne seront achevés. Ce retard est responsable de l'absence des mortiers du PO des Granges Communes, et d'une partie de l'artillerie du GO de Restefond (2 canon-obusiers de 75/32, 1 obusier de 75/31, 2 mortiers de 81/32). Ce dernier devait recevoir en seconde urgence, selon les projets de la CORF , une tourelle pour deux canon-obusiers de 75R/32 pour la défense générale du sous-secteur Jausiers.

* Les avant-postes sont géographiquement situés dans les Alpes Maritimes (SFAM), mais ils sont tactiquement rattachés au secteur Ubaye (SFD).

** Le PO des Granges Communes devait être armé de deux mortiers de 81/32, ce qui le classerait au rang de GO.

*** Armement auquel il faudrait ajouter 2 canon-obusiers de 75/32, 1 obusier de 75/31, 2 mortiers de 81/32, des JM et FM ; qui n'ont pu être installés faute de temps.

Dispositif

Le Quartier est tenu par le 73e BAF (Commandant LABEAU) ainsi réparti :

·         Des éléments de la I /73^e BAF  tenant l’ouvrage d’A P des FOURCHES et le point d’appui au Nord.

·         La 2/73^e BAF tenant le MONT des FOURCHES , BOUZIEYAS et l’ouvrage A P du PRA.

·         Sur la PR , les ouvrages de GRANGES COMMUNES (inachevé) et de LA MOUTIERE.

L’artillerie d’appui directe est :

·         les pièces du Bloc 6 de RESTEFOND (deux 75/32 et un 75/31)

·         2 pièces de 75 à LA MOUTIERE

·         2 pièces de 65M aux FOURCHES

·         2 pièces de 65M au FAUX COL de RESTEFOND

·         le 1er groupe du 93e RAM en batterie à la MAUVAISE COTE et sur les pentes du ravin de la BRAISSE .Ce groupe pousse, le 23 juin, 1 section au Col de COLOMBART

Période post opérationnelle

Jusqu’au 15 juin, l’ennemi occupe les cols et les crêtes frontières mais ne manifeste aucune activité.

Le 16 juin, la SES LONJARET (du 2/299^e RIA) en reconnaissance au Col de FER est vigoureusement prise à partie par l’ennemi et se replie sur le PRA.

Du 17 au 20 juin. pas de changement dans la situation générale .L’ennemi a dépassé la frontière dans la région du Col de FER. Un bataillon est installé sur la ligne générale Cime du MONT BAL – CRETE de la TORTISSA , Crête des LACS de VENS, LAC de VENS.

Les combats

Le 21 juin, à 8h45 environ deux compagnies ennemies franchissent la frontière au Col de POURRIAC et au Col de GORGION LONG. Contenues par la SES POITREY et par d’excellents tirs de notre artillerie, ces sections ne réussissent pas à dépasser la ligne PAS de la CAVALLE ,  Lac AGNEL, - sommet de la COMBA ALTA.

A la nuit, l’ennemi se retire sur la crête frontière, mais il conserve au PAS de la CAVALE des éléments importants.

Le 22 juin, quelques obus tombent dans la région de l’ouvrage des FOURCHES.

Le 23 juin, à partir de 13h50, l’ouvrage des FOURCHES est soumis à un bombardement assez violent. Notre artillerie contrebat les batteries de la LOSE et fait des tirs d’interdiction sur le Col de POURRIAC.

A 5h00, profitant de la mauvaise visibilité, un bataillon ennemi attaque et descend dans le SALSO MORENO. L’ennemi est arrêté sur la ligne Tête de ROUBINOS NEGRE - la CABANE , par nos tirs d’infanterie et encadré par un barrage d’artillerie. Il reste dans cette situation jusqu’à 11h00 , puis se replie dans le plus complet désordre, laissant entre nos mains 1 Officier et 17 hommes.

Vers 17h00, des éléments ennemis sont signalés dans le PAS de PETITES CAVALES, se dirigeant vers le vallon de PELOUSE.

Le 24 juin, l’ennemi ne manifeste aucune activité. A18h00, il bombarde les FOURCHES, mais notre artillerie qui continue ses tirs de harcèlement reste entièrement maîtresse de la situation.

 Quartier  Rougna (Détachement de liaison)

Le quartier ROUGNA est tenu par le bataillon CHAUSSY (2e Bataillon du 299^e RIA) qui a mission de liaison avec le XVe Corps d’Armée.

En raison du très gros enneigement, ce bataillon n’occupe pas ses positions.

Organisation défensive du quartier

Le quartier Rougna couvre l'aile droite du dispositif du massif des Fourches ; c'est à dire les accès à l'Ubaye depuis la Tinée. La crête du Colombart et le col de la Moutière constituent les principales voies d'attaque. Le quartier assure en outre la liaison avec le SFAM.

Le système Séré de Rivières confie la défense essentiellement aux troupes de campagnes, avec l'appui des ouvrages du quartier de Restefond. Toutefois un ouvrage d'avant-poste est construit au sommet de la Tête de Vinaigre (blockhaus de Las Planas), surtout employé comme observatoire. Le système Maginot renforce la défense en fortifiant le col de la Moutière (PO et abri) et la crête du Colombart (PA). L'ouvrage d'Avant-Poste de St Dalmas le Selvage, bien qu'appartenant au SFAM, participe à la défense du quartier Rougna en interdisant l'accès au vallon de Sestrières et au col de la Moutière.

La défense s'étale sur deux positions :

La Ligne des Avant-Postes (LAP) : blockhaus de Las Planas, utilisé comme observatoire, pouvant également travailler pour le quartier de Restefond.

La Ligne Principale de Résistance (LPR) : le PO de la Moutière prend en enfilade l'accès au col, l'abri du même nom abrite les troupes chargées de la liaison avec le SFAM, le PA du Colombart interdit toute progression par la crête Tête de Vinaigre - Cime de la Bonette.

Le PA du Colombart possède des plateformes d'artillerie, susceptibles de recevoir des pièces de campagne. Le quartier Rougna ne dispose pas d'artillerie organique.

* Les ouvrages de Las Planas et du Colombart sont géographiquement situés dans les Alpes Maritimes (SFAM), mais ils sont tactiquement rattachés au secteur Ubaye (SFD).

** L'AP de St Dalmas dépend du quartier Haut Var (SFAM), mais sa situation lui permet d'intervenir au profit du quartier Rougna (SFD).

 Dispositif

Le bataillon tient le haut du vallon de SESTRIERE , de part et d’autre du torrent, crête de GIAUFFREDE, Col du PIC ROND, Col de la BRAISSE , Col de SANGUINIERES. Ses éléments avancés étaient au Col du COLOMBART et à la crête de ROUGNA.

L’artillerie d’appui direct est composée de :

·         2 pièces de 75 à LA MOUTIERE

·         le 1er groupe du 93e RAM en batterie à la MAUVAISE COTE et sur les pentes du vallon de la BRAISSE.

Le 23 juin, une section de 75M du 93e RAM est avancée jusqu’au Col de COLOMBART , pour pouvoir intervenir dans le QUARTIER SAGNES.

La liaison avec le XVe Corps d’Armée est assurée :

·         Aux avants postes , entre la SES du 2/299^e RIA qui était à la TORTISSA , reliée à une SES du XVe CA qui tenait les LACS de VENS.

·         A la BRAISSE , par un détachement mixte ( 1 section F.V du 2/299^e RIA - 1 section F.V du 74^e BAF  - 1 groupe de mortiers du 73^e BAF)

·          A la CAYOLLE , par un détachement mixte ( 1 section F.V du 2/299^e RIA - 1 section F.V du 74^e BAF )

Les combats

A part les SES, qui travaillaient pour le compte du QUARTIER RESTEFOND, le détachement de liaison n’a pas eu à intervenir.

Identification d’unite ennemies

Ont été identifiées sur le front du secteur

Les Sagnes

23 et 24 juin      3^e légion de milice confinaire

24 juin              7^e Alpini

24 juin              11^e Alpini ( 5^e DIA - PUSTERIA)

Restefond

6 au 16 juin       3^e légion de milice confinaire

IIIe GAF ( troupes de forteresse)

23 et 24 juin      11^e Alpini ( 5^e DIA - PUSTERIA)